Toujours à se plaindre, Vol. 9 – Bête comme chou et poire d’angoisse

 Se peut-il qu’Elle me fasse pardonner les ambitions continuellement écrasées,  qu’une fin aisée répare les âges d’indigence,  qu’un jour de succès nous endorme sur la honte de notre inhabileté fatale,
     (Ô palmes ! diamant !  Amour, force !  plus haut que toutes joies et gloires!  de toutes façons, partout, Démon, dieu,  Jeunesse de cet être-ci ; moi !)
     Que des accidents de féerie scientifique et des mouvements de fraternité sociale soient chéris comme restitution progressive de la franchise première ?…
     Mais la Vampire qui nous rend gentils commande que nous nous amusions avec ce qu’elle nous laisse, ou qu’autrement nous soyons plus drôles.
     Rouler aux blessures, par l’air lassant et la mer : aux supplices, par le silence des eaux et de l’air meurtriers ; aux tortures qui rient, dans leur silence atrocement houleux. 

Arthur Rimbaud 

Auteur : Céline Rozie George Milosz

poète lunaire pour espèce en voie d'extinction