confinement obsessionnel #20

jour vingt mille : lutte permanente :: et ce n’est que le début!

Ça vous rentre dans la peau. On n’en prend pas conscience tout de suite, seulement quand on regarde ce qu’on a toujours connu, ce qu’on laisse derrière soi, par les vitres de la voiture.

Ils longent les rues, les magasins, les coins de troittoir où ils se sont installés. Les fantômes du passé sont de sortie, le regard braqué sur eux. Peau douteuse, yeux renfoncés, sourires flippants.

Ils le sentent dans leurs os, même. Le pain, la picole, le béton. La beauté que ça renferme. Les souvenirs fragmentés qui les aveuglent. Prêcheurs, parents, ouvriers. Des idéalistes aux pupilles vides qui vont droit dans le mur. Les reverbères, les voitures, les cadavres à enterrer, les bébés à faire. Un boulot. Rien qu’un boulot.

Les gens se remettent à tuer au nom de leur dieu. L’argent nous anéantit. Leur solitude est si totale qu’elle sous-tend chaque amitié. Ils passent leurs journées le regards fixé sur des objets. Se fondent dans la masse, veulent suivre la foule. Leur credo, c’est la tendance. Leur horizon se limite aux soirées en boîte et à la défonce, les traits liquéfiés par l’alcool et la came, de la haine au fond des yeux le lendemain matin.

Écoute la ville tomber, Kate Tempest, Rivages poche, 2019

confinement obsessionnel #19

Pendant ce temps, sur le vieux continent

  • le travail ne libère pas l’homme

https://www.arte.tv/fr/videos/RC-019317/le-temps-des-ouvriers/

  • l’homme n’émancipe pas la femme (qui peut se débrouiller toute seule, merci de ne pas oublier son appartenance à l’espèce humaine!)
et si on en faisait une broderie?
  • les poultocs matraquent : tandis que nous n’aurons de cesse de le répéter : là où il y a des lacrimogènes, y’a pas de plaisir
encourager

confinement obsessionnel #13

R. W. FASSBINDER

seule, fantôme orpheline de naissance, j’arpentais les rayonnages de la toute nouvelle médiathèque d’une petite ville de province; laquelle n’était pas sans me rappeler « Der Himmel über Berlin » par l’immensité de l’espace. /par souci de juste répartition, je remontais la liste des noms tantôt par A tantôt par Z. /un après-midi ensoleillé, tandis que je franchissais le seuil de la lettre F mes yeux furent attirés par un rayonnage entier lequel n’en finissait pas!, me sembla-t-il à l’époque : j’étais là devant ce nom inconnu précédé de deux initiales : R. W. FASSBINDER

comment choisir? il n’y a pas de résumé en quatrième de couverture…

R. W. FASSBINDER lorsqu’il s’agit de théâtre filmé s’amuse à confondre les décors et les actrices; pas pour le mystère je présume mais parce que l’être humain a développé quelque habilité à la dissimulation

Cioran a écrit, très justement, à mon avis :  » Mystère. – mot dont nous nous servons pour tromper les autres, pour leur faire croire que nous sommes plus profonds qu’eux »

c’est pourquoi son parti pris contre une société masculine dominante (à différencier d’un parti pris pour les femmes dont nous ne pouvons que convenir qu’elle appartiennent également au genre humain avec les qualités et les défauts que cela comprend) reste fondamentalement ancré dans ma quête d’une existence sincère bien qu’amère.

En découvrant son adaptation du « women in new-york » de Clare Boothe Luce, c’est tout mon enthousiasme de jeune femme s’interrogeant sur son devenir de femme de lettre qui refait surface …aujourd’hui contemplé avec une candeur acrimonieuse …tous les sens en éveil

>>> Merci aux libraires de la médiathèque de cette petite ville de province de m’avoir permis de découvrir tout le théâtre de Fassbinder <3 <3 <3